ces gays qui utilisent le féminin pour parler d'eux
On a tous déjà été confronté à un mec gay qui se comporte de manière efféminée et va jusqu'à brouiller les frontières du genre en employant des termes normalement réservé à la gente féminine pour se décrire. Cela peut paraître subtile dans certains cas – par exemple dans les expressions du style "J'suis morte" ou "Morte de rire" – et beaucoup plus flagrant dans d'autres – et les exemples incluent alors, bien souvent, des insultes sexistes.
Ce genre de comportement s'inscrit dans une longue tradition. En effet, il y a beaucoup d'exemples historiques qui démontrent que les gays, comme d'autres groupes minoritaires et mal acceptés, ont souvent revendiqué des comportements jugés comme répréhensibles et ancrés dans des stéréotypes. Pour la majorité des hommes homosexuels, ce qui est jugé inacceptable chez eux, c'est d'agir comme une femme : au plan sexuel quand ils sont passif (le plus inacceptable des rôles depuis toujours), au plan social quand leur identité sexuelle se laisse entendre (cf le fameux "accent gay") ou voir (style vestimentaire, maquillage). L'exubérance des gays et la mise en avant de leur côté féminin se fonde donc sur un sentiment de révolte : ce qu'on me reproche d'être, je le serai à outrance.
Seulement, dans les cercles progressistes, cette manie de se "genrer" au féminin agace et cela, notamment, depuis la démocratisation des discours sur la transidentité. En effet, le langage est considéré comme le terrain politique très important par ces groupes. La meilleure façon, selon eux, de respecter une personne trans est d'utiliser les pronoms corrects, c'est-à-dire ceux qu'elle-même revendique. Cela demande bien sûr que cette revendication soit publique, ce qui n'est pas toujours le cas. Il convient donc de marcher sur des oeufs, car en employant les mauvais pronoms, on court le risque d'être considéré comme transphobe. Cette logique binaire, heureusement moins tranchée hors des sphères internet, ne peut accepter que des mecs se genrent au féminin, même s'ils sont gays, car cela introduit une confusion qui dessert la cause trans. Les gays sont considérés comme potentiellement transphobes, donc moins légitime sur le plan de leur revendication des stéréotypes.
La forte médiatisation des mouvements féministes et l'éloge de la radicalité pour la radicalité ont également fondé une réponse qui place, cette fois, la mysoginie comme critère ultime de ce qui est acceptable ou pas. Les gays peuvent-ils être misogynes ? Oui, selon un grand nombre de féministes, qui remarquent que les gays utilisent le féminin uniquement pour se dénigrer et que beaucoup d'entre eux haïssent les femmes. Cette haine s'ancre dans des comportements aussi divers que des commentaires désobligeants à propos des stars (la stan culture particulièrement cruelle envers les célébrités féminines) ou de l'expression d'un certain dégoût pour l'anatomie féminine (les remarques esthétique sur le vagin sont particulièrement sensibles).
Ce volte-face de la part d'une partie des progressistes fustigeant les "gays cis" qui utilisent le féminin alors qu'il n'en ont pas le droit vu leur niveau de privilège ne siginifie pas que les traditionnalistes vont prendre leur défense. En effet, si une personne ayant une identité féminine se genre au féminin tout en revendiquant une existence sociale de femme, il n'y a pas de dissonance cognitive et, même des personnes fermées d'esprit seraient capables d'accepter l'idée. Cependant, si une personne se revendique mâle mais utilise des pronoms féminins, qui a une barbe mais qui s'insulte de pute, alors c'est une abhération. Dans un certain sens, ces gays qui se genrent au féminin, basiques et grégaires par bien des aspects, sont plus subversifs que les féministes et les personnes trans qui les critiquent.